Moussaoui: la durée des délibérations joue en faveur de la défense, selon des juristes (AP)
ALEXANDRIA, Virginie (AP) -- La durée des délibérations dans le procès Moussaoui joue en faveur de la défense et semble indiquer qu'une partie du jury ne souhaite pas la condamnation à mort de l'accusé, estiment mardi des juristes, qui restent toutefois prudents.
Le jury, qui a déjà délibéré plus de 28 heures sur cinq jours, est appelé à décider si le Français, unique inculpé aux Etats-Unis dans l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001, doit être condamné à mort ou à la prison à vie, après avoir plaidé coupable de complot en avril 2005.
Pour l'heure, les 12 jurés, dont les délibérations ont été suspendues lundi soir sans décision, n'ont rien laissé transparaître sur leur décision. Le calendrier prévu des délibérations s'étend, si nécessaire, jusqu'au 8 mai.
Leur seule requête pour l'instant a consisté jusqu'à présent à demander à pouvoir consulter un dictionnaire, ce que la juge Leonie Brinkema leur a refusé, au motif qu'un tel ouvrage constituerait une pièce supplémentaire à verser au dossier. Un seul "non" dans le vote final suffirait à condamner le Français d'origine marocaine à la prison à perpétuité.
Frank Salvato, un avocat d'Alexandria qui a obtenu plusieurs acquittements de condamnés à mort jugés devant le même tribunal fédéral, pense qu'il "doit y avoir une certaine forme de division, de scission" au sein des jurés. A cette phase du procès, estime-t-il, l'absence d'unanimité tend à favoriser la défense de Moussaoui. Les avocats de ce dernier ont plaidé la schizophrénie, dans l'espoir d'éviter l'exécution à leur client.
Le poids des circonstances aggravantes ou atténuantes se révèle crucial dans les délibérations en cours, les jurés devant trancher entre l'éventuelle préméditation de la part de l'accusé, passible de la peine capitale, et ses possibles troubles mentaux.
Arthur Patterson, juriste et consultant, note que la longueur des délibérations ne peut plus seulement être attribuée à la méticulosité du jury, mais à une apparente absence d'unanimité. Jeffrey Frederick, directeur d'un institut de recherches juridiques de Charlottesville (Virginie), souligne qu'il convient d'être prudent.
"Ils peuvent tout à fait délibérer longtemps et revenir avec la peine de mort", dit-il, ajoutant que les jurés ont à coeur de ne rien laisser au hasard vu l'importance de ce procès.
Pour Arthur Patterson, il est probable que les jurés soupèsent soigneusement les arguments de la défense, selon lesquels exécuter Moussaoui en ferait un martyr. Durant les audiences, l'accusé a témoigné à deux reprises contre l'avis de ses avocats commis d'office. Il a revendiqué un rôle direct dans la préparation des attentats après l'avoir nié pendant des années, puis affiché son mépris lors de l'audition, souvent poignante, de proches des victimes. "Le juré citoyen typique n'est pas formé pour évaluer des concepts comme le martyre", estime M. Patterson.
Après plus de 16 heures de délibération fin mars et début avril, le jury avait dans un premier temps estimé que Zacarias Moussaoui était passible de la peine de mort. Pour les jurés, les mensonges de Moussaoui aux agents du FBI ont en effet empêché l'identification et l'arrestation de certains des auteurs des attentats.