L'obsession de Moussaoui pour le jihad racontée par un ancien colocataire (AFP)

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ALEXANDRIA (AFP) - Hussein al-Attas a vécu six semaines en 2001 aux côtés de Zacarias Moussaoui, seul prévenu au procès en lien avec les attentats du 11-Septembre: dans une vidéo diffusée mardi au tribunal d'Alexandria, il décrit un homme obsédé par la religion et le jihad.

L'ancien colocataire de Moussaoui, témoin à charge de l'accusation, s'exprimait lors d'un interrogatoire enregistré le 10 juin 2004 aux Etats-Unis (le lieu n'a pas été précisé) et diffusé devant les jurés du tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, non loin de Washington) où se tient le procès.

Ce Yéménite âgé de 26 ans lors de l'interrogatoire, avait rencontré le Français entre la fin février et le début mars 2001, dans une mosquée où les deux hommes se rendaient de manière assidue pour prier, à Norman (Oklahoma, centre).

Selon al-Attas, à la mosquée, Zacarias Moussaoui disait à ses coreligionnaires "qu'ils devaient quitter les Etats-Unis ", un pays qui n'était pas fait pour eux.

Très religieux, il avait aussi affirmé à une connaissance que son fils ne devait pas pratiquer le football américain, sport contraire à l'islam, selon lui.

Puis, en juillet 2001, Moussaoui et al-Attas avaient emménagé avec une troisième personne, dans un appartement de Norman.

C'est pendant cette cohabitation que leurs conversations sur la guerre sainte ont commencé: elles étaient "quotidiennes", selon al-Attas.

"Il disait que la guerre était lancée contre les musulmans partout dans le monde, évoquant la Tchétchénie, le Pakistan, le Cachemire, la Bosnie ".

"Il m'a dit "il faut que tu sois prêt pour le Jihad". Il m'a dit "c'est le seul moyen pour moi (Moussaoui) d'aller au paradis" a affirmé Hussein al-Attas qui a été interpellé, comme Moussaoui, le 16 août 2001 à Eagan (Minnesota), avant de devenir un témoin à charge et de bénéficier d'une immunité dans l'affaire "Etats-Unis  contre Zacarias Moussaoui".

Zacarias Moussaoui, alors âgé de 33 ans, avait une grande emprise sur le témoin, de dix ans son cadet.

"Il était secret", s'est souvenu celui-ci, expliquant qu'il n'osait pas lui poser de questions. Moussaoui avait ordonné à son compagnon de ne jamais lui adresser la parole en arabe, de raser sa barbe et de s'habiller de manière sportive, avant que le jeune homme ne l'accompagne dans le Minnesota (nord), où Moussaoui devait prendre des cours de pilotage.

Hussein al-Attas avait d'ailleurs accepté de se joindre à la guerre sainte et laissé Moussaoui l'aider dans ses démarches pour obtenir un visa pour le Pakistan, où il devait au préalable rencontrer des religieux.

"Il m'a dit: je vais te faire rencontrer des religieux et tu peux leur poser des questions et te décider".

Moussaoui, pendant leur cohabitation, consultait "trois ou quatre fois par semaines" des sites Internet consacrés à la Tchétchénie et aurait aussi évoqué, à une reprise un "frère", mort au combat sur place.

Il aurait aussi déclaré, pendant cette période, combien il était facile de piloter un avion de ligne de type Boeing 747, grâce à l'ordinateur de bord, sauf "par mauvais temps". "Il a dit: tu peux les piloter en dormant", s'est souvenu Hussein al-Attas.

Le 16 août 2001 à Eagan (Minnesota, nord), les deux hommes ont été interpellés. Al-Attas, libéré 24 heures plus tard a une nouvelle fois été arrêté le 11 septembre. Il a recouvré la liberté en novembre 2002, après une condamnation pour faux témoignage.

L'audience devait se poursuivre mardi avec l'interrogatoire de Michael Rolince, l'ancien chef de la section chargée du terrorisme international au FBI (police fédérale).

Le procès de Moussaoui est destiné à ce stade uniquement à fixer sa peine: prison à vie ou peine de mort.

Publié dans Dépêches

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