Qui est vraiment Zacarias Moussaoui (24 heures)

Publié le par Pierre Daum

Malgré son rôle, tout au plus mineur, le Français est la seule personne à être jugée aux Etats-Unis pour les attentats du 11 septembre 2001. Le procès touche à sa fin.
Zacarias Moussaoui est-il un véritable fou, ou un simple provocateur rempli de cette haine des fanatiques musulmans contre l'Occident? Cherche-t-il vraiment à sauver sa peau, ou est-il, comme le suggère sa mère Aïcha Al-Wafi, «convaincu de n'être qu'un bouc émissaire dans un procès joué d'avance, il en a marre, il préfère mourir que de passer sa vie en prison»?

Personnalité énigmatique


Après deux mois d'audience, la personnalité de ce Français d'origine marocaine, seul inculpé à comparaître devant la justice américaine pour son implication dans les attentats du 11 septembre 2001, reste énigmatique. Alors qu'il risque la peine de mort dans un pays encore traumatisé par ces attentats, il ne s'est pas passé un jour du procès sans qu'il lance à la face des jurés, de la juge, ou des anciennes victimes venues témoigner: «Que Dieu maudisse l'Amérique et les Juifs!» ou encore: «Allah veille sur Ben Laden, mon frère en islam et mon père dans le djihad.»

Père alcoolique et violent

Zacarias Moussaoui est né de parents marocains le 30 mai 1968 à Saint-Jean-de-Luz, dans le pays basque français. Son père est maçon, alcoolique, et bat sans cesse sa femme – épousée de force alors qu'elle n'avait que 14 ans – et ses trois autres enfants. Lorsque Zacarias a deux ans, ses parents se séparent, et les quatre enfants sont élevés par leur seule mère, loin d'un père qu'ils ne reverront jamais.
La mère fait des ménages, prend des cours du soir, et finit par décrocher un emploi d'agent à France Telecom. «J'ai tout fait pour que mes enfants aient une bonne éducation, raconte Aïcha Al-Wafi, mais contre le racisme, je n'ai rien pu faire.» Bagarres dans les rues de Narbonne (où la famille est installée depuis 1981), insultes de «sale Arabe!» refus d'accès aux discothèques, et surtout rejet de la famille de Karine, son grand amour d'adolescent: Zacarias a subi toutes les formes de la xénophobie «ordinaire» en France. En 1990, sous l'influence d'une cousine venue du Maroc, Zacarias se prend d'engouement pour l'islam fondamentaliste.

En 1992, il part à Londres. Sans argent, un temps à la rue, il se retrouve «pris en charge» par des militants extrémistes de la mosquée de Finsburry Park, qu'il fréquente assidûment. Comme tous les jeunes aspirants djihadistes du Londonstan, il multiplie les voyages.

En avril 1998, on le retrouve à Khalden, un camp d'entraînement d'Al-Qaïda en Afghanistan. En décembre 2000, il est en Tchétchénie, combattant avec ses «frères musulmans» contre l'envahisseur russe.

Le 23 février 2001, il débarque sur le sol américain, afin de prendre des cours de pilotage. Le 31 juillet, il reçoit un virement de 14 000 dollars du «planificateur» des attentats, Ramzi Bin Al-Shibh, et s'inscrit, le 13 août, à la Pan Am Flight Academy. Trois jours plus tard, il est arrêté, dénoncé par son instructeur qui lui trouvait un comportement bizarre. Quatre semaines plus tard, sur une télévision de sa prison, il regarde les avions s'écrasant dans les tours. Il y a un mois, Zacarias Moussaoui a lancé devant les jurés: «J'ai finalement eu la chance de voir le World Trade Center s'effondrer. En un mot: splendide. J'étais ravi!»

Lundi auront lieu les réquisitions et les plaidoiries finales. Le jury déterminera ensuite s'il condamne Moussaoui à la peine de mort.

Publié dans Articles de presse

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