La santé mentale de Zacarias Moussaoui dernier argument pour le sauver (AFP)

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ALEXANDRIA (AFP) - Les avocats de Zacarias Moussaoui disposent encore de quelques jours, à partir de lundi, pour tenter d'épargner une condamnation à mort au Français, notamment en mettant l'accent sur sa santé mentale.

Jeudi - à peine commencée la phase pendant laquelle la défense doit présenter les circonstances atténuantes susceptibles de le sauver - Zacarias Moussaoui a pris la parole pour prononcer des mots d'une violence inouïe à l'égard de ses avocats, l'Amérique, les juifs, et les victimes des attentats du 11-Septembre.

L'accusé de 37 ans, dont le procès a commencé le 6 février au tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, est) risque la réclusion criminelle à perpétuité ou la peine de mort, pour complicité avec les auteurs des attaques.

"J'aurais souhaité que (les attentats du 11 septembre) arrivent aussi le 12, le 13, le 14, le 15, le 16, le 17... ", a notamment dit Zacarias Moussaoui embrigadé dans la mouvance Al-Qaïda depuis le milieu des années 1990. Ce témoignage a d'autant plus glaçé le public qu'il intervenait après quatre journées d'audience consacrées à la souffrance des victimes des attentats. "Nous défendons ce garçon contre lui-même", a résumé jeudi Me François Roux, son avocat français.

La défense de Zacarias Moussaoui n'a pu s'opposer à sa prise de parole: le droit d'un accusé à s'exprimer pendant son procès est inscrit dans la Constitution. Elle a donc tenté, autant que faire se peut, d'exploiter ce témoignage pour alimenter les arguments qu'elle va développer la semaine prochaine: Zacarias Moussaoui est probablement atteint d'une schizophrénie, une circonstance atténuante qui doit lui éviter une condamnation à mort. Dans cet objectif, l'avocat Gerald Zerkin l'a notamment interrogé sur ses requêtes à la cour, souvent fantaisistes, que les médecins appelés à témoigner vont utiliser.

Moussaoui a esquivé ces questions en affirmant que ces documents, où il a griffoné des insultes d'une écriture nerveuse, parfois en capitales, relevaient simplement de sa "propagande", de sa "guerre psychologique". Mais Moussaoui a aussi partagé jeudi des réflexions étranges, comme lorsqu'il a expliqué comment il avait suspecté le FBI (police fédérale) de l'espionner: "un jour, j'ai trouvé un ventilateur (près de ma voiture) j'ai décidé de le prendre car il faisait chaud dans l'Oklahoma", a-t-il dit. "Plus tard, j'ai pensé que ce ventilateur avait peut-être été déposé à côté de ma voiture pour que je le prenne: je pense qu'il est possible de placer un micro dans un ventilateur". Il a affirmé, en réponse à une question du procureur Robert Spencer, qu'il était "sûr à 100%" que le président américain George W. Bush ordonnerait sa libération. La défense a aussi prévu de présenter le passé français de Moussaoui, qui est né à Saint-Jean-de-Luz (sud-ouest de la France) en 1968, avec des témoins venus de France. La procédure américaine permet aux avocats d'ajuster au fur et à mesure la liste des témoins qu'ils présenteront, en fonction de l'évolution du procès et des déclarations de leur client.

Zacarias Moussaoui était en prison le jour des attentats. Mais l'accusation affirme qu'il doit être exécuté car il a nié lors de son arrestation être un terroriste et empêché que les attentats soient prévenus en ne dénonçant pas ses complices. La juge chargée de l'affaire, Leonie Brinkema, a annoncé jeudi que les délibérations du jury en vue d'un verdict pourraient démarrer dès la semaine prochaine.

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