Le destin de Zacarias Moussaoui déjà entre les mains de douze jurés (AFP)
Les douze jurés sont arrivés jeudi matin au tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, est), où le Français de 37 ans comparaît depuis le 6 février. Ils doivent, sauf s'ils parviennent à une décision avant, se réunir toute la journée puis vendredi et les jours suivants, hors week-end. Aucune date limite ne leur a été imposée pour parvenir à un verdict. Ils peuvent poser des questions à la juge, qui y répondra en public, disposent d'une pièce, d'un tableau, des documents présentés pendant le procès et de leurs notes.
Moussaoui a plaidé coupable de complicité avec les auteurs des attentats et ce procès n'est donc destiné qu'à fixer sa peine: réclusion à perpétuité ou injection mortelle. Trois charges retenues contre lui peuvent entraîner la peine de mort: la participation à une association de malfaiteurs "en vue de commettre des actes de terrorisme dépassant les frontières nationales", "en vue de détruire un aéronef" et en vue "d'utiliser des armes de destruction massive", les avions transformés en projectiles. Selon le gouvernement il doit être condamné à mort car il a menti lors de son arrestation le 16 août 2001: en niant "être un terroriste", et avoir des complices, en ne parlant pas du plan d'Al-Qaïda "en vue de projeter des avions contre des immeubles aux Etats-Unis" il a "protégé ses frères" et permis qu'ils mènent à bien leurs attentats. Moussaoui a aussi affirmé pour la première fois lundi qu'il aurait du faire partie du groupe de kamikazes qui a tué le 11 septembre 2001 près de 3.000 personnes. Son rôle, selon lui, était de détourner un cinquième avion et "le projeter contre la MaisonBlanche".
Même s'il n'a pas conforté son témoignage avec des détails opérationnels, il a affirmé savoir que les attentats auraient lieu "après le mois d'août" et viseraient notamment les tours jumelles, des informations cruciales selon l'accusation pour prévenir les attaques.
Les jurés n'en doivent pas moins évaluer la crédibilité de son témoignage "comme tout autre témoignage", a prévenu mercredi la juge chargée de l'affaire, Leonie Brinkema, et la fixation de sa peine de déroule, prudemment, en deux étapes. La première occupe depuis mercredi soir les neuf hommes et trois femmes du jury (leurs cinq suppléants ont été renvoyés chez eux). Les jurés, parmi lesquels une enseignante et une psychiatre, doivent d'abord décider s'il est "passible" de la peine de mort. Pour cela, il doivent conclure qu'il a commis "un acte ayant entraîné la mort d'au moins une victime".
L'"acte", ses mensonges, doit avoir été commis en "sachant qu'il entraînerait la mort" ou afin de "permettre qu'il soit fait usage d'une force létale". Il doit aussi avoir entraîné "directement" la mort d'une victime des attentats. Que savait réellement Zacarias Moussaoui? Des aveux auraient-ils "directement" évité les attentats, au moins en partie ? "On ne saura jamais", a plaidé son avocat Edward MacMahon, accusant les procureurs de "spéculation". Si les jurés le suivent Zacarias Moussaoui serait envoyé d'office en prison pour la vie. Dans le cas contraire, il serait "passible" de la peine de mort et son procès se poursuivrait pour examiner des circonstances atténuantes ou aggravantes. Un deuxième verdict serait alors rendu pour déterminer si oui ou non il doit être exécuté. Reste aussi la possibilité que les jurés n'arrivent pas à se mettre d'accord, ce qui pourrait entraîner l'invalidation du procès.