Reprise lundi du procès Moussaoui, après une semaine de crise (AFP)

Publié le par AFP

ALEXANDRIA (AFP) - Le premier procès aux Etats-Unis en lien avec les attentats du 11-Septembre, dont le but est de déterminer si Zacarias Moussaoui doit être condamné à mort, reprend lundi après une suspension d'une semaine liée à une violation des droits de la défense.

Photo"Je suis pleinement consciente de l'importance des moyens consacrés à cette affaire (...) il serait malheureux qu'elle ne puisse pas aller de l'avant", a dit vendredi la juge chargée du dossier, Leonie Brinkema, selon des minutes d'une téléconférence publiées par le tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, non loin de Washington) où se tient le procès.

 

La juge a décidé vendredi d'autoriser l'accusation à présenter un ou plusieurs nouveaux témoins dans le domaine de l'aviation.

Elle avait, trois jours plus tôt, interdit tout témoignage dans ce domaine, ce qui amputait les avocats du gouvernement de la moitié de leur argumentaire en vue de démontrer que Moussaoui est "éligible" pour la peine de mort.

La juge avait décidé de les exclure après avoir appris qu'une avocate du gouvernement, Carla Martin, avait cherché à influencer les propos de certains d'entre eux, une "monumentale" violation des droits de la défense selon Mme Brinkema.

Expliquant à la juge qu'ils ne pourraient continuer le procès sans ces témoignages, les procureurs avaient obtenu un ajournement jusqu'à lundi, le temps de trouver une solution à proposer à la magistrate ou de faire appel de sa décision.

Jeudi, ils lui ont soumis un compromis qu'elle a accepté: ils présenteront un ou plusieurs témoins qui n'ont pas été en contact avec Carla Martin.

Le procès, avec une accusation qui reste fragilisée, peut donc reprendre lundi matin, là où il s'était arrêté lors de la dernière audience en présence du jury, le 9 mars.

La défense doit interroger un témoin-clef de l'affaire, l'agent du FBI (police fédérale) Harry Samit, qui avait placé Zacarias Moussaoui en garde à vue le 16 août 2001 pour un visa périmé et l'avait longuement interrogé. Moussaoui, a-t-il raconté le 9 mars, avait nié appartenir à une organisation terroriste.

Or, c'est autour de ce mensonge que l'accusation a construit sa démonstration: selon elle, si Moussaoui n'avait pas menti, les attentats à venir auraient été prévenus, du moins en partie, par le FBI.

Des mesures préventives dans les aéroports et les avions auraient aussi pu être prises.

De ce fait, même si Zacarias Moussaoui était en prison le jour des attentats qui ont tué près de 3.000 personnes, son mensonge en fait un "tueur" selon le gouvernement américain.

Mais Harry Samit dispose aussi d'arguments pour la défense, qui avance que le gouvernement disposait déjà d'informations susceptibles d'empêcher les attaques.

L'agent Samit avait notamment estimé que Moussaoui était un fondamentaliste dangereux méritant au minimum une fouille en règle de ses affaires, sans réussir à convaincre sa hiérarchie.

L'accusation doit aussi interroger pendant la semaine l'agent Aaron Zebley du FBI, qui affirmera qu'avec les informations en possession de Moussaoui "11 des 19 pirates de l'air", auraient pu être repérés.

Après l'audition des témoins de l'accusation dans le domaine de l'aviation, sans doute avant la fin de la semaine, la défense appellera ses témoins.

Lorsque les deux parties auront achevé leurs démonstrations respectives, le jury devra déterminer si le Français est "passible" de la peine de mort.

Si la réponse est négative, Zacarias Moussaoui, 37 ans, qui a plaidé coupable en avril 2005 de complicité avec les auteurs des attentats, sera condamné à la prison à vie.

S'il est "passible" de la peine de mort, une deuxième phase du procès sera consacrée à l'examen de circonstances aggravantes et atténuantes.  

Publié dans Dépêches

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