Le Français Zacarias Moussaoui, seul prévenu dans le procès aux Etats-Unis sur les attentats du 11-Septembre, a renié mardi sa nationalité, insulté les Etats-Unis et amené la juge à l'expulser, après lui avoir dit qu'il était son »pire ennemi».
L'échange n'a duré que cinq minutes. Moussaoui, encadré de deux policiers fédéraux en civil est entré
dans la chambre 701 du tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington, en balayant les bancs du public d'un regard défiant.
La juge Leonie Brinkema, chargée de l'affaire, lui a alors expliqué qu'elle avait convoqué cette audience pour savoir s'il prévoyait »de rester calme et laisser ses avocats tenter d'assurer sa défense, pendant la phase de voir-dire», terme désignant l'interrogatoire des jurés en vue de leur sélection.
Lors d'une première journée d'audience le 6 février, Moussaoui avait dû être évacué quatre fois, après avoir pris bruyamment la parole contre ses avocats, des "ennemis" américains et le "cirque judiciaire".
Mardi, à peine installé derrière ses trois défenseurs, le prévenu, vêtu d'une combinaison verte de prisonnier et coiffé d'une calotte en crochet blanc, s'est levé avec détermination, pour répondre à la juge.
"En ce qui concerne mon statut légal: Je ne suis pas français. Je ne serai jamais français !», a-t-il lancé en introduction". "Je ne comparaîs ici qu'en tant que musulman», puis, sans préciser à quel pays il se référait: "je ne comparaît pas ici avec une nation de croisés homosexuels!".
Bien que court, l'échange entre la petite juge enrobée aux cheveux grisonnants toujours calme et le prévenu a été dense.
Zacarias Moussaoui a eu un bon mot pour chacun: Gerald Zerkin, l'un de ses avocats, connu pour ses positions abolitionnistes: un membre du "KKK" (Ku Klux Klan), un autre défenseur, d'origine asiatique, Alan Yamamoto: "la geisha Yamamoto".
Lancé dans un monologue difficile à interrompre, le terroriste présumé a expliqué que lundi 6 février, il avait pu entendre les nouvelles à la radio, alors qu'il prenait sa douche, car le reste du temps, il est soumis à un "black-out complet".
"J'ai entendu que George W. Bush avait lancé une nouvelle campagne contre les terroristes". Le »gouvernement fédéral" est contre les terroristes et vous voulez que j'accepte le »fédéral Zerkin, du KKK, le fédéral MacMahon (avocat), la geisha Yamamoto ?».
Puis, plus tard, "Je sais que je suis mort". Et encore: "Je suis Al-Qaïda. Je suis votre ennemi juré".
"Monsieur Moussaoui, vous être votre pire ennemi", a résumé la magistrate, qui lui a demandé plusieurs fois sans succès s'il pourrait rester calme.
Après ce test, Mme Brinkema a alors fini par prendre une décision qui ne pourra qu'aider ses avocats: elle a décidé d'exclure Moussaoui jusqu'au 6 mars, date prévue pour le début des débats au fond, après la sélection des jurés.
"Il ne pourra assister à aucune audience dans la salle pendant le voir-dire", a-t-elle ordonné, en précisant qu'elle réservait sa décision pour la suite.
"Que Dieu maudisse l'Amérique!". "Prenez soin de ma mort maintenant", a-t-il conclu, s'exprimant en anglais.
La juge a encore réglé quelques points de de procédure, avant de suspendre l'audience.
Mercredi, la cour commencera, avec plus de sérénité, l'interrogatoire des quelque 500 jurés potentiels tirés au sort sur les listes électorales de l'Etat de Virginie. La juge posera les questions soumises par la défense et l'accusation, en vue de sélectionner les plus neutres. Après une dernière séance de récusation le 6 mars au matin, les débats commenceront.
Moussaoui lui, ne pourra que s'énerver seul devant un poste de télévision, où une transmission des audiences en circuit fermé lui sera fournie, aux frais du gouvernement fédéral